Octobre 2005 : Exposition « Autour du théâtre »
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Toute la communauté éducative du Lycée Notre-Dame, en particulier les professeurs et élèves d’arts plastiques rendent hommage à Bernard Evein qui nous a quitté quelques mois après l’exposition. Un grand merci à son épouse Jacqueline Moreau.
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Le duo des coulisses se dévoile – Extrait de Ouest-France – 04/10/2005
Les costumes sont de Jacqueline Moreau. Et les décors de Bernard Evein… Couple à la ville comme sur les arrière-scène de cinéma et théâtre, tous deux sont venus à la rencontre des élèves du lycée Notre-Dame. L’établissement abrite certains de leurs dessins et maquettes pour une expo « Autour du théâtre ».
Silence… Moteur ! C’est parti pour une discussion questions-réponses entre les élèves et les deux pointures qui leur font face. Pour une fois sous les feux de la rampe : Jacqueline Moreau, créatrice de costumes à la filmographie bien fournie : « La passion Bétarice » (avec un César), « Capitaine Conan », « la vie et rien d’autre », « L.627 », « Les demoiselles de Rochefort », « Les parapluies de Cherbourg ». Et son alter ego qui lui aussi a beaucoup travaillé avec l’ami Demy (également sur « la baie des anges », « Lola »), mais aussi avec bien d’autres comme De Broca (« L’amant de 5 jours »), Louis Malle (« Zazie dans le métro »), Truffaut (« Les 400 coups »)… Environ 75 films chacun !
Turquoise
Le duo s’est rencontré aux Beaux-Arts, a poursuivi à l’Idhec : « On était comme vous même si c’était en 52 ! Une fois nos diplômes en poche, il n’y avait pas forcément de travail, explique Jacqueline, alors on faisait des stages. » A une époque, elle a aussi cherché auprès de tous les décorateurs du milieu, « et j’étais rendue à la lettre w, c’est dire ! Et Wakhevitch m’a demandée pour l’Opéra de 4 sous. » Ouf ! « Le métier a-t-il évolué? » se demande à juste titre une lycéenne. « En mal parce qu’il ya beaucoup moins d’argent et de création. Souvent hormis les acteurs principaux, les autres sont en costumes de location. Sur les films d’époque qu’elle affectionne tout particulièrement, tous les jours, il faut faire laver des sacs de linge pour que les collants Louis XV restent bien blancs… ». Côté décor, c’est le même constat puisque « presque plus rien ne se tourne en studio, on réaménage, on remeuble, ajoute Bernard. Nous, on a pas connu le décor virtuel ! »
Et d’où viennent les idées ? De la pièce de théâtre ou du scénario, « de ce quiest écrit noir sur blanc ». De ce dont ils discutent avec le metteur en scène, « comme les couleurs des parapluies de Cherbourg », glisse Bernard. « les décors suivaient une graduation, complète sa moitié. On a commencé , avec Jacques (Demy) en mettant des petits papiers de couleur sur une table ! ». Demy qui était aussi tombé amoureux d’un tissu turquoise. Alors Bernard a fait la chambre de Deneuve dans ce coloris. Et Jacqueline la robe qui allait avec. « Il faut être très psychologue avec l’acteur, ajoute la costumière. Savoir ce qu’il aime ou pas. Parfois l’attirer vers l’histoire. Enfin, avec Noiret par exemple, pas besoin de lui faire d’explications, il a déjà compris. » « Êtes-vous forcément réalistes ? » sinterroge un élève. Bien souvent oui, même si costumes et décors, « c’est aussi l’esprit des personnages qui y vivent. » L’expo au Lycée Notre-Dame tourne d’avantage autour du théâtre. Mise en scène par les élèves en arts plastiques, on peut y voir des décors et dessins de la trilogie marseillaise, « Don Juan », la « Dame aux camélias », « Apporte moi la lune », « l’Amour fou »… « Je faisais des dessins très précis pour éviter les surprises avec les couturières » confie Jacqueline. Bernard aussi avec ses maquettes à l’échelle « que je donnais aux menuisiers et machinistes. » En retraite désormais, ils ont tellement de choses à raconter aux jeunes ! « Surtout, conclut Jacqueline, il faut aimer. Quoi que vous fassiez. »