Lycée Notre Dame

Lycée Polyvalent – Challans

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Bertrand Tavernier (2009)

Le cinéma selon Bertrand Tavernier « Une arme de construction massive ».

Bertrand Tavernier, le réalisateur multi-primés en France et à l’étranger, était l’invité du Lycée Notre-Dame de Challans. Enthousiaste et disponible, il a répondu, sans langue de bois, aux questions du public, évoquant aussi bien ses succès que ses coups de gueule, le tournage de ses films que ceux des cinéastes qu’il admire.

Rencontre avec une encyclopédie vivante du 7ème art. Passionné et passionnant.

 » Pas de compromis « 

Curieux de tout, Bertrand Tavernier ne s’est fixé aucune limite, abordant des genres aussi différents que le film historique, le polar, le drame, la comédie, le reportage… Aventurier et précurseur. Dans la Mort en direct il livre sa « réflexion sur une télévision exploitatrice, voyeuriste des sentiments les plus intimes, qui voue un culte au sensationnel. Il n’existait rien de semblable à l’époque, c’est pourquoi j’avais décidé de placer l’histoire dans un contexte anglo-saxon. Mais au final, alors que je pensais réaliser un film de science fictioon, c’est devenu un film néoréaliste ». Le plus dur, sur un tournage ? « Sortie de voiture le matin », comme disait Stanley Kubrick, car on est assailli de questions sur des scènes que l’on tournera quinze jours plus tard. Il faut toujours veiller à garder en tête la vision que l’on a du film pour ne pas faire de compromis.

 » Sélectionné à Berlin « 

Coup de chapeau à Jacqueline Moreau. Costumière dehuit de ses films, de Que la fête commence à Capitaine Conan, elle a décidé Bertrand Tavernier à abandonner ses bureaux parisiens où l’attend pourtant une actualité très chargée : la réédition, complétée, de son encyclopédie Amis américains dans laquelle il retrace la carrière de grands réalisateurs de la mecque du cinéma, la sortie de son nouveau film, Dans la brume électrique.

Sa venue à Challans a porté chance au réalisateur puisqu’il a appris dans la journée, qu’il était sélectionné au prochain festival de Berlin.

 » Des bouées de sauvetage « 

Bertrand Tavernier s’est ditaussi  » très impressionné par la manière dont on fait travaillé les élèves et par la qualité de leur écoute. Quand on a la chance de pouvoir bénéficier d’un tel accueil, on se dit qu’on a raison d’intervenir en milieu scolaire. Une fois, j’ai présenté « La vie et rien d’autre ». Pour uneélève, ça a été un véritable déclic. Alors qu’elle ne s’intéressait pas aux cours, après avoir vu le film, elle s’est replongéedans ses études. Depuiselle est devenue avocate. » Un bel exemple de ce queBertrand Tavernier appelle « des armes de construction massive. Les films peuvent être des bouées de sauvetage pour déclencher des passions ».

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 » Porter un regard juste sur les choses « .

Pour sa carte blanche, Bertrand Tavernier a choisi de montrer des extraits de « Ca commence aujourd’hui », sur le quotidien d’une école primaire.

Dans ce film,  » j’ai voulu répondre à cette question : Où commence et où s’arrête le métier d’enseigner ? Quand des enfants ne vont plus à la cantine parce que les parents n’ont plus de quoi payer, que peuvent faire les enseignants, au risque de se heurter à leur hiérarchie ? Ce que je dépeins ne se passe pas en Roumanie mais à une heure de Paris. » Documentaire ou fiction ?  » Je ne me pose jamaiscette question. Ce qui m’importe c’est que le regard que l’on porte sur ce qui est raconté soit juste. Je veux montrer mais sans voyeurisme. C’est pour cela que je préfère laisser ma caméra à distance d’un personnage plutôt que faire un gros plan. Ne pas violer l’intimité d’un personnage, pour moi, c’est cela la justesse d’un regard « . Comment filmer ?  » Je voulais donner l’impression que la caméra est là par hasard alors que chaque scène a necessité beaucoup de répétitions avant d’être tournée. C’est aussi pour cela que j’ai mélangé acteurs professionnels et non professionnels ».

L’instit campé par Philippe Torreton, un héros ?  » Un héros, c’est quelqu’un qui fait ce qu’il peut par rapport à ceux qui ne bougent pas. Mais tout seul, il n’arriverait à rien. Contrairement aux films américains, je prône la collectivité sur l’individualité « . La fin du film ?  » Les enfants regardent la caméra comme pour nous dire que va-t-on devenir ? Qu’allez-vous faire ? » Des femmes qui jouaient dans le film ont écrit une pièce sur leur vie quotidienne.  » Elles, qu’on n’écoutait pas, ont pris la parole. Quelque chose a bougé « .

Et à Challans? Il est encore trop tôt pour le dire. Quoique à bien regarder l’exposition des lycéens…

Le Courrier Vendéen – Jeudi 15 janvier 2009