Lycée Notre Dame

Lycée Polyvalent – Challans

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Albert Jacquard (2005)

 » L’objectif de toute éducation devrait être de projeter chacun dans l’aventure d’une vie à découvrir, à orienter, à construire. » Albert Jacquard

Selon le scientifique, le but n’est pas le palmarès mais la construction de soi.

Albert Jacquard captive les lycéens

L’éminent scientifique Albert Jacquard a accordé aux lycéens de Notre-Dame, puis à des profs, un peu de son temps hier après-midi. Dans sa conférence-débat, il a su captiver son auditoire et se le mettre dans la poche. Malgré des thèmes pouvant paraître ardus au départ… mais finalement tellement ancrés dans le quotidien.

Le grand homme arrive face à l’amphi plein. Et de sa petite voix conquiert les adolescents. « Vous avez la chance de vivre à une période où la science a fait des progrès fabuleux ». Sa science à lui est de relier la science (avec un garnd S) à la philosophie, au concret. Ajouter à cela un soupçon d’humour « Le soleil épuise un peu de sa masse en transformant la matière en énergie. On devrait encore être tranquille 4 ou 5 milliards d’années, je vous rassure ». Ils ont de la chance qu’au XIXè, le moine Mendel ait enfin découvert le mystère de la procréation alors que pendant des siècles, on a « pensé que l’homme était comme le boulanger, et la femme le four à pain. Même après le microscope, certains croyaient voir le bébé tout fait dans la tête du spermatozoïde ». Et Mendel, lui, s’en ait sorti… avec des petits pois ! « Il avait une génération de pois verts et une de jaunes. En les mélangeant, à la génération suivante, il n’a obtenu que des jaunes ». Mais à celle d’après, des verts ont réapparu. Le vert était donc encore dans les gênes… à défaut d’être dans le fruit!

« Primate raté »

« Et ça, ça change tout ! remarque Albert Jacquard. Vos parents n’étaient pas deux quand ils vous ont conçus ». Sourires convenus et interrogateurs dans l’assistance… « Il y avait papa, maman, le spermatozoïde et l’ovule. Si bien que chacun d’entre nous résulte d’un tirage au sort. Le nombre des possibilités est tellement grand, souligne-t-il, que chacun est exceptionnel. Nous sommes tous uniques ». Le généticien de 80 ans parle aussi ADN et évolution de l’espèce, thème à la mode : « Nous sommes un primate raté tombé des branches. Le résultat d’une mutation de nos ancêtres qui se sont trompés dans la fabrication du cerveau » qui d’un coup (ou presque) s’est mis à devoir abriter 100 milliards de neurones au lieu de 7. D’où une tête plus grosse et la nature qui a dû faire naître les bébés avant terme. « C’est pour cela que l’on naît et qu’on ne sait rien faire. On a alors tous nos neurones mais pas les connexions. Elles se font ensuite à un rythme étonnant ». Et sans calculette, le voilà multipliant les connexionspar le nombre d’années : « à votre âge, vous avez un million de milliards de connexions dans votre cerveau. Soit 25 millions à la seconde. Y’en a la-d’dans! » ponctue-t-il.

Pour quoi faire ? Contrairement à certaines idées reçues, par pour des notes, des palmarès, ou un bon métier. Pour être intelligent et communiquer avec les autres « l’évolution de la nature nous a fait. On a pris la suite pour créer l’humanité. Le but de l’école, par exemple, c’est de vous faire devenir des êtres humains. L’objectif n’est pas le palmarès mais la construction de soi ». Le parallèle avec les JO sur lesquels il a écrit un livre polémique est tout trouvé. Il ne faut pas courir plus vite que les autres, mais plus vite que soi. Le 4è il devrait s’en foutre et déjà trouver que c’est merveilleux ! « .

Des lycéens se prennent alors à imaginer une école sans notes. Tandis que le scientifique leur parle déjà « infini », concept des races qui, « génétiquement s’avère ridicule » tout comme la notion du QI « car on ne peut mesurer l’intelligence ». Celle d’Albert Jacquart pour vulgariser ses propos scientifiques, si !

Sylvie Ribot, Ouest-France.